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Être seule sans être seule

mardi 16 septembre 2014


Aujourd’hui je prends la plume (le clavier) pour partager avec vous mes réflexions sur ma situation actuelle. Dans un des groupes où je suis, une jeune femme m’a, involontairement, rappelé la solitude dans laquelle je vis au quotidien.

Ma santé s’étant détériorée depuis un an, je ne peux plus conduire, et je ne sais pas si je pourrais reconduire une voiture classique un jour. Nous habitons une ferme que nous avons rénovée, dans un petit village tout ce qu’il y a de plus charmant. Seulement, à cause de mon handicap, cette vie m’a complètement isolée.

Pendant longtemps j’ai cru avoir des amis pour qui j’étais importante, j’ai cru que ces amis feraient tout pour être là pour moi, comme j’ai été là pour eux, afin de m’aider, de me soutenir et de m’aimer. Mais cette dernière année, ces amis m’ont prouvés que je n’étais rien pour eux, ou en tout cas pas assez importante pour faire la moitié de ce que j’ai fait pour eux.

Peu importe, je suis partie du principe que ces personnes n’avaient donc rien à faire dans ma vie. Mais comme ils étaient mes meilleurs amis depuis plus de 15 ans, cela m’a fait énormément mal et je ne m’en suis pas encore totalement remise.

Mes vrais amis, ceux pour qui je compte et qui comptent pour moi, sont géographiquement loin, et bien qu’ils soient toujours dans mon cœur, la distance est parfois difficile à vivre pour moi au quotidien.

Mon homme, que j’ai énormément de chance d’avoir, qui est là pour moi le plus possible, qui me soutiens, m’aime telle que je suis, et fais tout pour me faciliter la vie, est infirmier. De ce fait il bosse 12h/jour, et comme nous habitons à une heure de distance de l’hôpital où il travaille, il part à 7h00 et revient entre 21h00 et 21h30.

Alors je ne suis pas malheureuse d’être seule, j’ai appris à me contenter de moi-même, mais parfois j’aimerai bien pouvoir prendre la voiture ne serait-ce que pour aller acheter du pain, voir du monde, bref sortir des murs de ma maison.

Mais je ne peux pas. Je ne peux plus conduire de voiture classique, et cela m’isole encore plus du reste du monde. Mon médecin généraliste m’a dit que je devrais voir pour faire adapter ma voiture et avoir les commandes au volant. Dans l’absolu c’est effectivement l’idéal, mais :

  • Cela implique de refaire des stages de conduite pour apprendre à conduire avec les commandes au volant, car il faut changer tous ses réflexes appris depuis des années de conduite. 
  • Cela implique d’avoir une voiture adaptée, et comme la mienne est vieille et que dans l’idéal j’aurai dû en changer depuis longtemps, je ne me vois pas faire adapter ma voiture si c’est pour devoir en changer un an plus tard.

Et tout cela coûte de l’argent que je n’ai pas.

Alors en attendant j’ai la chance d’avoir mon homme qui me conduit là où j’ai besoin les jours où il ne bosse pas. Mais justement, cela veut juste dire que je dépends complètement de lui. Ma liberté s’est restreinte, elle se limite à ce que je peux faire chez moi.

La semaine prochaine (le 24) je revois mon chirurgien. Je ne sais absolument pas s’il aura une solution. Je suis dans le flou total, et j’ai peur de ne plus jamais avoir mon indépendance. Et même si mon homme fait les choses pour moi avec plaisir et le sourire, parfois je culpabilise de toujours lui en demander plus. Et en même temps il est le seul en qui j’ai totalement confiance pour lui confier chaque jour mon corps et mon cœur, mes angoisses et mes peurs, sans avoir la hantise de l’embêter, le déranger ou autre.

Pour le moment il m’est psychologiquement difficile de m’accepter totalement comme je le faisais il y a un an. J’avais déjà mis plusieurs années à ne plus culpabiliser de qui je suis, à me respecter moi-même et m’accepter en entier, avec toutes mes contraintes et mes contradictions.

Mais depuis un an ces contraintes ont encore augmentées, je dois encore m’adapter, réfléchir à chaque geste, chaque pas que je fais pour ne pas me faire mal. Je dois encore accepter de voir mon autonomie diminuée, alors même que je venais à peine de recommencer mes projets professionnels en fonction de mes contraintes du moment.

Et bien ces contraintes sont aujourd’hui multipliées, mes projets sont en pause car je ne sais pas ce que l’avenir me réserve, et que dans l’état actuel de mes genoux je ne peux pratiquement rien faire seule en dehors de chez moi.

Et pourtant je ne crois pas être psychologiquement capable de ne plus jamais travailler, sans même parler de l’aspect financier. Je n’ai que 34 ans, il y a tellement de choses que j’ai envie de faire, je tiens au projet professionnel que j’ai élaboré en formation. Mais pour le moment je n’ai aucun moyen de le mettre en œuvre.

Alors me voilà, vous livrant ma solitude et mes interrogations, mes doutes et mes peurs.

Seule sans être seule, je vis mon quotidien comme il vient, me réjouissant de chaque petit moment de bonheur que m’offre la vie, car il est pour moi hors de question de sombrer dans la dépression et le chagrin, je m’efforce de voir le bon côté des choses afin d’avancer et de me construire un avenir.

Mais parfois un mot, une photo me ramènent à cette réalité : 

Je suis seule sans être seule

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