Je viens ici vous conter
notre mésaventure de lundi dernier. Avec notre amie Julie, nous avions enfin le
temps (en heure) et le temps (météorologique) pour faire notre balade en bateau
sur la Seine, projet que nous avions depuis presque un an, mais que nous n’avions
jamais eu l’occasion de réaliser.
Je m’étais déjà renseignée
l’année dernière, oui il y a des bateaux accessibles complètements adaptés pour
les personnes handicapées, nous pensions donc notre projet faisable sans trop
de galères. Mais c’était sans compter sur le fait que l’accessibilité n’a aucun
sens pour les personnes valides qui ne souffrent pas au quotidien…
Je le dis ici de suite,
car je ne le répèterai pas tout le long du récit, mais il faut savoir que dans
toute cette galère, je portais ma fille dans son cosy sur mes genoux, tenant
fortement l’anse et essayant d’amortir les chocs pour elle. Et croyez-moi, c’est
lourd et douloureux déjà lorsqu’on ne galère pas.
Nous voilà donc au pied de
la Tour Eiffel où l’on nous a assuré que l’embarcadère handicapé se trouvait.
Juste devant le pont d’Iéna, nous voyons les quais, nous voyons les différentes
compagnies de bateaux, mais aucune rampe d’accès à l’horizon. Sylvain descend
les escaliers, cherche un peu partout, mais non, que des escaliers partout.
Nous prenons donc la décision d’appeler la compagnie dont nous voyons l’embarcadère,
pour leur demander où se trouve la rampe d’accès (vu qu’il y a des bateaux
accessibles, nous partons du principe qu’il y a forcément une rampe pour y
accéder, c’est logique).
Sylvain lui explique qu’il
est avec sa femme en fauteuil roulant, que nous souhaiterions prendre un bateau
de leur compagnie, et leur demande où se trouve la rampe d’accès. La jeune
femme lui demande s’il s’agit d’un fauteuil manuel ou électrique. Il répond
manuel. Elle lui dit donc que la rampe d’accès se trouve au niveau du pont de Bir-Hakeim.
C’est-à-dire à presque 1 km de là… Il est évidemment pas question de prendre la
voiture, étant donné qu’il a déjà galéré à se garer, en plus pas trop loin de
ce pont, c’est donc à pied (et moi en fauteuil) que nous y allons. Julie elle
prend les escaliers pour nous attendre en bas afin qu’elle ne se fasse pas trop
mal.
Nous voici partis sur le
trottoir, mais, premier souci, une partie du trottoir est en travaux, le bitume
a été enlevé, c’est du sable, et pour rejoindre l’autre côté bitumé, une petite
rampe a été aménagée, devant laquelle se trouve… une énorme marre de boue bien
profonde, bien grande, incontournable et infranchissable en fauteuil roulant
manuel, à moins de vouloir s’y embourber. Nous décidons donc de traverser la
rue pour prendre le trottoir d’en face, c’est-à-dire retourner aux pieds de la
Tour Eiffel bourrés de touristes, à nous de nous frayer un chemin en essayant
de ne pas se faire rentrer dedans ni de se prendre des coups dans la tête.
Allez hop c’est parti, en
route pour le pont, sur le trottoir. Nous traversons plusieurs rues (je
rappelle ici que les bateaux aménagés (je parle ici des trottoirs bien sûr) pour
les fauteuils roulants ne sont jamais facilement franchissables en fauteuil
roulant manuel, c’est donc toute une gymnastique pour Sylvain de réussir à
faire passer les roues avant, et pour moi d’amortir les chocs au mieux pour mon
dos et ma fille).
À l’une
de ces rues que nous traversons, arrivés en face le trottoir est en travaux,
entourés de barrières. Et le passage pour les contourner, c’est des escaliers…
Nous n’avons donc pas d’autres choix que de prendre la piste cyclable qui longe
la route, en sens inverse, sur la distance des travaux.
Arrivés au pont de
Bir-Hakeim, nous réalisons qu’il ne s’agit pas d’une rampe d’accès pour handicapés,
mais en réalité de l’accès voiture pour le parking… Qui est tout en pavés…
Comment vous dire… Les pavés c’est une horreur pour les fauteuils roulants, et
encore plus pour les fauteuils manuels. D’une part parce que les roues avants
étant petites, elles se coincent dans tous les interstices entre les pavés,
encore plus lorsque ces interstices ne sont plus bouchés (ce qui était ici le
cas sur le début). D’autre part, c’est un véritable calvaire pour la personne
handicapée, en particulier si comme moi elle souffre de douleurs en permanence,
car c’est un véritable tape cul, des trous et des bosses sans arrêt, c’est une
horreur.
J’ai pris des photos pour
que vous compreniez et visualisiez bien cette horreur, à notre retour. Il
faisait nuit, mais on voit bien avec les éclairages publics. Voici donc, d’en
bas, à quoi cela ressemble (vous voyez en premier plan la barre d’accès des
voitures au parking, je vous expliquerais ensuite comment nous l’avons passée,
ou plutôt dans quelles conditions nous l’avons passée…)
Sur le côté de cet accès
voiture, se trouve un accès piéton, qui lui n’est pas en pavés, qui pourrait
être parfait pour les fauteuils roulants… Faut-il encore pouvoir y accéder… En
effet, le début et la fin de cet accès est parfait, en terme de hauteur, pour
un fauteuil roulant, il y a un bateau, on pourrait donc y accéder facilement,
si seulement ça ne faisait pas que 30 cm de large… Voici des photos qui
illustrent tout ça.
Sur cet accès piéton,
lorsqu’on descend, il devient assez large pour qu’un fauteuil roulant puisse y
passer, sauf que pour y accéder, il y a un rebord d’une hauteur de 30cm,
infranchissable en fauteuil roulant…
Nous avons donc continué
sur l’accès voiture, sur les pavés, en marche arrière, pour éviter que les
roues avants se coincent et que je bascule en avant, et aussi parce que les
roues arrières amortissent mieux les chocs, et que je commençais à sérieusement
souffrir… Ma vessie n’en pouvait plus (non pas qu’elle soit pleine, mais elle
est très fragile et les secousses n’ont pas arrangés cette fragilité).
Arrivés en bas, nous nous
trouvons donc devant cette barre d’accès au parking prévue pour les voitures,
sous laquelle nous ne pouvons évidemment pas passer. Nous avisons donc sur
notre droite un accès piéton simili accessible, je dis simili parce que très
étroit, et surtout très haut et pentu, heureusement que Sylvain est assez
musclé, sinon il n’y serait jamais arrivé seul.
Ouf, nous voilà sur le
quai, nous refaisons les presque 1 km pour retrouver Julie devant l'embarcadère. Nous prenons nos billets, et là bonne surprise, ils ont un tarif pour
les handicapés. Nous sommes contents. Le bateau arrive, et nous faisons la
queue pour embarquer. C’est alors qu’un employé vient nous voir et nous demande
si je peux me lever, car il y a une marche pour descendre au bateau…
Là j’ai vu rouge, d’autant
que je souffrais comme pas possible après avoir subis cette rampe d’accès
inaccessible, j’avais tellement mal au ventre que j’avais la certitude que si
je me levais il me faudrait des toilettes très proches, car oui ma maladie fait
que j’ai certaines fragilités et désagréments, avec lesquels je dois m’accoutumer…
Et arrivés au niveau de l’accès bateau, en réalité il ne s’agissait pas d’une
marche, mais d’un escalier de 6 ou 7 marches. Et un escalier qui, déjà en étant
valide est galère à descendre, avec des toutes petites marches, mais en étant
handicapée en souffrance extrême, là non ce n’était pas possible !
Nous avons donc gueulé, d’autant
que Sylvain venait tout juste de téléphoner à la compagnie, et que la jeune
femme au téléphone n’a jamais mentionné cet escalier, nous assurant que les
bateaux étaient accessibles et adaptés. L’un des employés de l’embarcadère est
allé chercher son supérieur, qui était très en colère qu’on ait pu nous dire ça
au téléphone, il a vérifié le numéro que Sylvain avait composé, et il s’agissait
bien de leurs bureaux. Il nous a donc remboursé et nous a assuré qu’il allait
faire du foin au standard téléphonique. (Je résume car vraiment il était très
en colère, très ennuyé pour nous, et surtout adorable avec nous). Il nous a
conseillé une autre compagnie qui elle, il en est certain, a une rampe d’accessibilité
et des bateaux vraiment adaptés. Nous avons emprunté leurs WC avant de partir,
et avons donc été 2 pontons plus loin.
Cette compagnie a
effectivement tout l’accès qu’il faut pour les fauteuils roulants, mais, là est
le comble, pas de tarif handicapés… Bref, nous sommes montés à bord. Nous avons
enfin pu faire notre tour en bateau… Enfin j’ai juste fais un tour en bateau
quoi, car question visite touristique et vue des bâtiments de Paris, ce n’était
pas la joie… Adaptés, oui, ils le sont leurs bateaux, complètement accessibles ?
Non… Je suis restée au centre du bateau, à l’intérieur, je n’avais absolument
pas la possibilité de m’approcher des fenêtres car on y accédait par des
marches, et encore moins la possibilité d’aller sur la terrasse en extérieur,
dont l’accès se fait par un escalier. J’ai donc vu le bas des bâtiments, je n’ai
absolument pas pu apprécier la vue… J’ai au moins pu décompresser un peu le temps
de la balade, et boire un chocolat chaud dégueulasse… Et j’ai payé plein tarif
pour ça…
Je l’ai fait une fois,
mais sûrement pas deux…
Au retour, nous sommes
repartis pour notre km jusqu’à l’accès voiture du parking (je me refuse à
appeler ça une rampe d’accessibilité). De nouveau nous avons galéré et souffert,
tout en marche arrière, et là Sylvain aussi a souffert, il a fait plusieurs
pauses (pendant lesquelles j’ai pris les photos), mais cette pente ardue en
pavés prévue pour des voitures, n’est ABSOLUMENT PAS un accès pour handicapés…
Le retour à la voiture n’a
pas été moins difficile, encore des bateaux trop hauts, des pavés plats, bref,
malgré mes anti douleurs très puissants, j’ai énormément souffert, et je ne m’en
suis toujours pas remise. Sylvain aussi a souffert, il est tout aussi crevé que
moi, et il travaille…
Paris Accessible… ET MON
CUL C’EST DU POULET ?